Mais à quoi jouait-on sur la place du Palais épiscopal en 1694 à Carpentras ?

En l’an de grâce 1694, Mgr. Buti, évêque de Carpentras, écrivit au Saint-Siège pour que soit interdit le jeu de ballon devant son Palais. Cette lettre découverte au Vatican par Claude Cochin fut publiée pour la première fois dans le compte-rendu de la 76e session du Congrès Archéologique de France tenue à Avignon en 1909-1. Elle a depuis été publiée à plusieurs reprises et notamment par Georges Brun dans « Jadis… Carpentras »-2. Cette lettre est précieuse à plusieurs titres. D’abord parce qu’elle est riche d’enseignements sur les jeux de pouvoir dans le Comtat Venaissin de l’époque, ensuite et peut-être surtout – parce qu’elle est accompagnée d’un magnifique dessin (fig.1) représentant tous les édifices entourant la place du Palais.

Fig. 1 : Façade du palais épiscopal. Détail du dessin à la plume joint à la plainte de Mgr. Buti. On peut lire : Strada dové si giuca al’ Pallone. (Cliché G. Brun)

Cette requête épiscopale doit aussi une partie de son succès à ce qu’elle permet de plaisanteries au sujet des rapports que l’évêque voyait certainement d’un œil suspicieux,  entre les jeunes filles confiées à la garde des religieuses Ursulines, dont les fenêtres du couvent donnaient sur la place, et les jeunes et vigoureux Carpentrassiens qui y jouaient au ballon (fig. 2).

Fig. 2 : Les ‘spectatrices’ aux quatre fenêtres E du couvent des Ursulines. (Cliché G. Brun)

Examinons le passage de la lettre de Mgr. Buti où il signale ce que ces regards croisés pouvaient avoir d’inquiétants… du moins pour lui.  Claude Cochin en donne un résumé qui, à mon humble avis, prend quelques libertés avec la réalité du texte –3. Je le cite : « Les bonnes mœurs en souffrent aussi car quatre fenêtres du monastère donnent sur cette même rue  par là les religieuses et les jeunes filles confiées à leurs soins peuvent, non seulement entendre les paroles licencieuses, obscènes et sacrilèges des joueurs mais en outre les voir jouer presque entièrement dépouillés de vêtements » et il pourrait se faire – ajoute l’évêque en bon psychologue – « que la présence de telles spectatrices fût pour les joueurs la principale raison de rester en ce lieu ». Personnellement il me semble que C. Cochin va un peu loin car le passage qu’il cite ne dit pas tout à fait cela. Le voici dans la traduction que Maurice Cézilly en a donnée-4 : « …mais en outre les voir jouer à peu près entièrement dévêtus … et peut-être que ledit monastère donne au jeu son impulsion principale.» dont la dernière phrase paraît plus proche du texte en italien du 17e s. tel que publié comme pièce justificative en annexe de la communication de C. Cochin et que voici : e forsi potrebbe anco essere che detto monastero dasse il principale impulso di giucarsi.  Mais pour l’instant ne nous focalisons pas sur ces petits problèmes de traduction.

     Venons-en à mon sujet. Avec les luttes politiques au sein du petit état pontifical et l’étude du patrimoine architectural les érudits et les historiens avaient suffisamment de « grain à moudre » et ne se sont guère préoccupés des caractéristiques précises de ce jeu qui s’était attiré les foudres de Mgr. Buti et du Vice-Légat.

     Examinons d’abord ce que lui reproche l’évêque et essayons d’en tirer quelques lumières sur la nature de ce jeu fort encombrant.

     Primo, le jeu cause des dommages aux édifices :

D’abord à l’église des religieuses : « … au cours des années passées il arriva si souvent que le ballon entrât par la grande fenêtre de cette église, avec importants bris de vitres, qu’il fallut murer cette fenêtre principale, laquelle reste encore murée aujourd’hui, avec obscurité et détérioration sérieuse pour l’église... »

Le palais épiscopal n’est pas épargné. «…quatre ballons étaient déjà entrés dans les dites pièces épiscopales-5 en brisant chaque fois les vitres et en semant la confusion chez ceux qui étaient venus en audience »

     Au passage notons que lorsque le vicaire général fut envoyé prévenir les joueurs de cet incident il fut reçu par des bordées d’injures. Les joueurs « … avertit de façon courtoise par le Vicaire Général que quatre ballons étaient déjà entrés dans les dites pièces…. se laissèrent aller à des propos injurieux et à des menaces » ce qui nous renseigne indirectement sur l’autorité (ou plutôt le manque d’autorité) de l’évêque et aussi sur l’assurance des joueurs vraisemblablement persuadés d’être dans leur bon droit.

     Qu’est-ce que ce passage nous a appris sur le jeu lui-même ?

  S’agissait-il d’un jeu de ballon au pied (football pour parler en français). C’est peu probable, car il aurait fallu que les joueurs soient particulièrement maladroits pour envoyer aussi souvent le ballon si haut et avec autant de force-6. Si le dessin annexé est à la même échelle pour les côtés Est et Ouest une comparaison avec les 57m du palais épiscopal nous montre que la fenêtre de l’église du couvent  se situait à 15m. Un sacré coup de pied en effet. Ce ne serait certainement pas très difficile pour un footballeur moderne d’envoyer un ballon actuel à cette hauteur, mais les jeunes carpentrassiens ne disposaient certainement pas de ballons gonflés. La plupart des ballons joués au pied à cette époque étaient constitué d’une enveloppe de cuir cousu remplie de substance diverses-7. Dans son examen minutieux des jeux de balles au pied joués à différentes époques et sous tous les cieux, P. Villemus nous apprend que les anciens égyptiens utilisaient des balles en son recouvertes de peau et aussi des ballons fait de boyaux de chats attachés en forme de sphère. D’après cet auteur les spartiates auraient utilisé des ballons gonflés (des vessies de bœuf) pour jouer à l’epyskorios qui se pratiquait avec les pieds. Les Romains avaient plusieurs façons de fabriquer les ballons servant à l’Haspartum. On a retrouvé des balles en bois et des balles faites de cheveux et de linges cousus. Pour fabriquer des balles rebondissantes les romains utilisaient des vessies de porc ou de bœuf gonflées, mais aussi des éponges enveloppées de tissus ou entourées de cordes.

     Il existait probablement à la fin du 17e siècle quelques ballons gonflés en France mais ils étaient certainement couteux et fragiles, et seuls les gentilshommes de l’époque pouvaient se les offrir.

     Résumons ce que nous venons d’apprendre : les jeunes Carpentrassiens ne jouaient probablement pas avec les pieds car il est fort peu probable qu’ils aient pu envoyer aussi haut des ballons remplis de son ou avoir assez de force pour casser des vitres avec des ballons remplis d’étoffe.

     Il est donc permis de mettre en doute, soit la bonne foi de l’évêque (impensable…!) soit les caractéristiques attribuées jusqu’ici à ce jeu qui ne serait donc pas un ancêtre du football. C’est maintenant cette dernière hypothèse que nous allons explorer.

     Alors, d’où viendrait cette confusion?

     Revenons-en au texte italien. La seule citation complète du nom du jeu dans cette lettre se trouve au début de la plainte : il y est dit que le motif de la requête était de tenir hors les murs « il giuco incomodissimo del pallone ». Par la suite le mot « pallone » seul, est utilisé à de nombreuses reprises, et à la fin de sa demande, l’évêque signale que le Vice-Légat a d’ores et déjà pris des mesures visant à interdire à tous « di giocare al pallone » sur la place du palais.

     Les deux traductions dont nous disposons parlent de « jeu de ballon ». Ce qui n’est pas faux littéralement mais qui reste beaucoup trop imprécis et mène à un anachronisme qui nous paraît coupable. 

     Si l’on s’en tient à une traduction à la lettre il est parfaitement justifié de traduire pallone par ‘ballon’. C’est ce à quoi nous invite le dictionnaire Garzanti qui ne connait aucune autre acception de ce mot. On ne peut donc pas jeter la pierre ni à C. Cochin ni à M. Cézilly pour avoir traduit giuco del pallone par ‘jeu de ballon’. Mais ce qui pose problème, c’est que de « jeu de ballon » à football il n’y a qu’un petit pas à franchir et que ce petit pas a malheureusement été franchi un peu vite à mon avis.

     Un indice aurait dû mettre nos traducteurs sur la bonne piste. En Italie, depuis le 15e siècle au moins, les jeux de ballons aux pieds sont appelés Calcio-8 et il est plus que probable que si nos Carpentrassiens avaient joué avec les pieds, le romain Buti aurait employé « giocare al calcio » et non pas « giocare al pallone ».

     Mais les traducteurs sont bien excusables et nous leur pardonnerons d’autant plus volontiers que ni Cochin ni Cezilly, archéologue et professeur de littérature, ne devaient pas beaucoup s’intéresser à  l’aspect sportif de la plainte qu’ils jugèrent certainement très secondaire. Et puis à leur époque, ils ne disposaient pas d’internet et de ses puissants moteurs de recherches. Parce que si vous avez la curiosité de taper « giuco del pallone » dans Google vous allez brusquement voir jaillir la lumière en même temps qu’un demi-millier de pages où ce jeu est mentionné.

     En Italie depuis le 16e siècle au moins jusqu’à nos jours, on a pratiqué le « giuco del pallone » sous ce nom-9 et avec une continuité dont, je crois, il faut féliciter nos voisins italiens (fig. 3).

Fig. 3 : Affiche Turinoise du milieu du 19e s. annonçant une grande rencontre. Au moins un des joueurs cités sur l’affiche (Sconfienza) est resté un « joueur de légende » de ce jeu.

Pour l’évêque Buti et pour le tribunal romain à qui il adressait sa plainte, il n’y avait donc aucune ambiguïté. Car on peut postuler sans risque de se tromper que tous ces prélats italiens connaissaient ce jeu, et qu’ils savaient où et comment on pouvait y jouer. Il n’était nullement nécessaire pour Mgr. Buti d’expliquer à ses interlocuteurs les caractéristiques et les règles du « gioco del pallone » qu’ils connaissaient bien et auquel ils avaient peut-être même joué dans leur jeunesse.

     Est-il nécessaire de préciser ici qu’à la fin du 17e siècle tout le Comtat et Carpentras en particulier étaient imprégnés de culture italienne. Les monuments au milieu desquels ils vivaient étaient inspirés de l’architecture italienne à commencer par ceux qui entoure cette place d’où l’évêque et le Vice-Légat entendaient bien chasser le « giuco del pallone ». Le Palais lui-même avait bien été dessiné par François du Royer de la Valfrenière qui était français. Mais il avait suivi les instructions d’Alexandre Bichi, un prince de l’église d’origine siennoise fraichement nommé évêque de Carpentras, qui lui avait demandé de s’inspirer des beaux palais toscans-10. Bref, il ne paraît pas déraisonnable de supposer que les jeunes comtadins vivant sous l’autorité d’Italiens et imprégnés depuis des lustres de leur culture, aient adopté des jeux italiens.

     Il est temps de s’interroger maintenant sur le jeu lui-même. Là encore internet nous permet très facilement d’en apprendre les règles et l’histoire, et en même temps, de découvrir une abondante et riche iconographie.

     Nous savons que le giuoco11 del pallone se jouait depuis fort longtemps. On en trouve la trace aux 14e et 15e siècles où il se pratiquait dans les rues et sur les places des villes italiennes. Aux 18e et 19e siècles (fig. 4) il deviendra le jeu le plus populaire d’Italie.

Fig. 4 : Gravure italienne représentant le jeu. En 1814, vraisemblablement à Rome, place des quatre fontaines.

Comme pour le Jeu de Paume très répandu en France à la même époque il y a de multiples façons de jouer à ce jeu de balle. La forme qui est représentée sur cette gravure est dite « al bracciale»-12 (au bracelet). Ces bracelets étaient en bois avec un dispositif intérieur très simple qui permettait de les tenir très fermement (fig 5)

Fig 5: Des « bracciale » (bracelets) utilisés par les joueurs d’aujourd’hui. Les bracelets doivent règlementairement peser deux kilogrammes.

Leur rôle était de donner plus de puissance à l’impact sur la balle et donc de la propulser loin, haut et fort. Et donc sans difficultés vers les fenêtres d’un palais d’évêque.

     Donc, ce jeu ressemblait beaucoup au jeu de paume. Il ne s’agit pas d’une opinion personnelle puisque le grand ethnologue folkloriste Arnold Van Gennep pense que tous les jeux qui se jouent ainsi face à face, comme le « giuoco del pallone » ou le jeu de paume, sont des dérivés du jeu de « Trinquet »-13. Et une gravure du 17e siècle de Jean Lepautre (fig. 6) conservée à la bibliothèque nationale nous montre qu’en France aussi le même jeu était pratiqué de la même façon qu’en Italie. Et comme cette gravure est intitulée « le ballon » on comprendra que la distinction que nous faisons maintenant entre  jeu de balle et jeu de ballon n’était pas si évidente que ça, même pour les contemporains de la gravure.

Fig. 6 : Gravure de J. Lepautre. 17e siècle. (BNF). La légende d’époque de la gravure est : Le ballon. Beaucoup d’auteurs pensent qu’à l’origine, étaient utilisés des ballons gonflés. Mais depuis longtemps on se sert de pelotes identiques à celles de la figure 7.

     Nous avons dit plus haut que les ballons gonflés étaient certainement très rares à l’époque et jusqu’au début du 19e siècle. Mais de toutes façons, ni le giuoco del pallone, ni les différentes formes de jeu de paume, qu’elles soient jouées à la main, avec des raquettes, des bracelets ou des chisteras, ne se sont jouées avec des ballons gonflés. On le distingue d’ailleurs très bien sur la gravure de Lepautre où le ballon semble fait d’une enveloppe (de cuir?) ficelée et probablement bourrée de paille ou de tissu. D’ailleurs les joueurs italiens de notre époque ont su rester fidèles à la tradition et utilisent des pelotes fabriquées selon la tradition ancestrale (fig. 7).

Des pallone modernes photographiés lors d’un match officiel organisé par la fédération italienne de ‘pallapugno’ qui chapeaute tous les types de jeux de pelote.

Ces jeux très populaires étaient pratiqués dans tous les villages provençaux. Leur présence est attestée au début du 19e siècle grâce à la précieuse enquête du préfet Charles de Villeneuve-Bargemont-14. Dans le ‘Trésor des jeux provençaux’, Charles Galtier-15 faisait la même constatation en précisant que la forme à main nue était la plus répandue dans les villes provençales. Il en prenait pour preuve la présence dans de nombreuses villes et villages de rues du jeu de paume auxquels, nous le savons maintenant, il faut rajouter les rues et places du jeu de ballon.

     Revenons-en à la requête de Mgr. Buti. Cette longue lettre n’était qu’un soutien à une interdiction déjà promulguée par le Vice-Légat devant une sorte de tribunal d’appel qui devait se prononcer sur le bien-fondé de la décision de l’autorité civile. Bien entendu, l’évêque et le Vice-Légat gagnèrent ce procès et les joueurs durent définitivement quitter la place du palais pour aller s’amuser ailleurs, ce qu’ils faisaient déjà si on en croit la plainte de Mgr. Buti. Il est même possible que ces joueurs se soient transportés alors sur l’emplacement de l’ancien boulevard du jeu de ballon, comme le pense Henri Ameye-16, mais rien n’est moins sûr. Les règles de ces jeux n’étaient pas aussi rigoureuses que les règlements sportifs de notre époque et personne alors ne se préoccupait de standardiser la taille des terrains ou des bracelets. On devait pouvoir y jouer à peu près n’importe où comme de nos jours, les enfants peuvent jouer au foot sur n’importe quel terrain libre avec un nombre de joueurs qui ne dépend que des circonstances.

     Quel fut le destin de ces jeux populaires ? En France le jeu de paume devint de plus en plus règlementé et il parvint à supplanter les autres formes de ces jeux de balles où les deux équipes sont face à face. Le jeu de paume exerçait une hégémonie réelle et il ne connut pas de concurrence jusqu’à la fin du 19e siècle avec l’arrivée massive du Tennis. Le coup de grâce lui fut porté par le maréchal Pétain et J. Borotra son commissaire général à l’éducation et au sport, qui supprimèrent la fédération de Jeu de Paume transférant ses considérables biens à la fédération de Tennis-17.

     Il persista cependant quelques formes locales de ces jeux et nous pouvons au moins citer, au risque d’en oublier, les jeux de pelotes basques et la balle au tambourin pratiquée dans le Languedoc.

    Mais ces formes ne survécurent qu’au prix d’un processus de sportivisation gommant les particularités locales comme la taille des terrains ou des frontons et imposant des compétitions régulières, des terrains normés et l’organisation en divisions et catégories diverses.

     Si ces jeux ont disparu du territoire français, il n’en fut pas de même en Italie où l’on a su fort bien transformer ces longues traditions pré-sportives en richesses touristiques.

     Le Calcio Storico, par exemple, organisé avec un grand respect de la tradition médiévale, précédé de magnifiques défilés en costumes d’époque, attire plusieurs fois par an des milliers de visiteurs sur la place de Santa Croce à Florence.

     Dans Carpentras qui semble de nouveau aimer la fête, pourquoi n’organiserions-nous pas des reconstitutions du « Giuoco del pallone » en costume, sur la place du palais ? Les jolies Carpentrassiennes se feraient un plaisir de se pencher aux fenêtres de la place pour évoquer le souvenir gracieux des premières ‘supportrices’ du couvent des Ursulines.

JF Brun.

NOTES

1 Téléchargeable sur le site Gallica de la BnF.

2 Jadis…Carpentras, Le Nombre d’or, Carpentras, 1985, planche 11, où l’on trouve aussi la reproduction détaillée du dessin qui accompagnait la requête de Mgr. Buti.

3 Fort heureusement il publie l’intégralité de la lettre en italien. Nous allons revenir sur ces problèmes de traduction et de lecture.

4 Traduction faite pour l’ouvrage de G. Brun : Carpentras. Recueil de textes anciens et modernes, Le Nombre d’or, Carpentras 1970, p 146 et reprise partiellement dans Jadis…Carpentras ; op. cit.

5 Seule les pièces donnant sur la place étaient habitables. C’est, du moins, ce que dit la requête.

6 G. Brun avait signalé cette anomalie et il trouvait bien hautes les fenêtres du palais : «… pour qu’elles soient menacées il fallait que les footballeurs carpentrassiens aient un sacré coup de pied. »

7 P. Villemus, Le dieu football, Eyrolles, 2006. 

8 Le dictionnaire Garzanti propose « coup de pied » comme traduction de Calcio

9 On rencontre quelquefois aussi celui de « Sferistorio » dont l’étymologie est grecque.

10 La construction dura de 1640 à 1650 (cf. Jadis…Carpentras, G. Brun Pl. 18)

11 Il semble qu’on employait aussi bien Giuoco que Gioco.

12 Ou « col bracciale »

13 A. Van Gennep, Les jeux et les sports populaires de France, éditions du CTHS, Paris, 2015, p 94.

14 L’ouvrage original de 1829 est difficile à se procurer mais la statistique est rééditée et commentée dans un ouvrage récent : Récits des fêtes en Provence au 19e siècle, éd. Archives départementales des BdR, 2010

15 C. Galtier, Le trésor des jeux provençaux, éd. M. Petit, Raphèle les Arles, 1952

16 Henri Ameye, En flânant… rues et places de Carpentras, éd. Batailler, Carpentras, 1966.

17 La fédération de Rugby à 13 fut frappée elle aussi par la même décision. Il fut interdit de pratiquer le Rugby à 13 et les biens de la fédération furent offerts à la fédération de Rugby à 15 qui oublia de les rendre à la Libération.

 




Patins à roulettes

La fédération de Roller se plaint de son manque de retentissement médiatique. Pourtant les différentes disciplines de « patin à roulettes » sont spectaculaires et pratiquées par d’excellents sportifs. Parmi les motifs invoquées comme cause probable de ce relatif désamour, il y a certainement le fait que le CIO ne lui a jamais offert l’accès aux Jeux Olympiques qui sont, comme chacun sait, une source considérable de reconnaissance officielle et donc de subventions, ainsi que d’accès aux grands médias. Il est vrai que les jeux d’été, auxquels pourrait prétendre le Roller, sont pléthoriques et que la concurrence est rude pour s’y faire accepter, alors que les jeux d’hiver où figurent depuis toujours le patin à glace manquent au contraire de disciplines nouvelles et crédibles.

Mais ceci ne doit pas nous faire oublier que le Roller est un sport exigeant et dont l’ancienneté

historique devrait faire pâlir de jalousie quelques sports nouvellement officialisés dont la pérennité est loin d’être acquise (non ! non ! Je ne nommerai personne)

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Patinage sur glace

Le patinage a été le premier « sports d’hiver » admis aux Jeux Olympiques. Il l’a été avant même la création  des Jeux Olympiques d’hiver en 1924 à Chamonix. Lors des Jeux de Londres en 1908 plusieurs médailles furent attribuées en patinage artistique, notamment à l’anglaise Madge Syers et au suédois Salchow. Ce fut d’ailleurs, le patinage artistique qui draina la plus large part de l’adhésion populaire lors de ces jeux … d’été. Curieusement il n’y eut pas de patinage aux Jeux de Stockholm qui suivirent ceux de Londres, mais uniquement pour des raisons diplomatiques: les Jeux Olympiques de 1912 ne devant pas concurrencer les Jeux Nordiques de 1911.

Mais avant d’être « sportivisé » et sévèrement encadré par des règlements très contraignants, le patinage fut d’abord un moyen commode de se déplacer pour les anciennes populations nordiques, et aussi, peut-être surtout, un instrument de loisirs festifs, de promenades et de jeux. 





Le cercle des Vélocipédistes Carpentrassiens et les deux courses de 1869

A la fin des années 1860 de nombreuses associations de vélocipédistes voient le jour en France. Parmi elles le Cercle des vélocipédistes Carpentrassiens (CVC). Leurs fondateurs sont – sans trop le savoir – en train d’inventer les sociétés sportives, une forme associative dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle aura un grand avenir! L’exemple du CVC va nous permettre d’essayer de comprendre les transformations radicales qui sont en train de se produire, ainsi que les résistances qu’elles suscitèrent.
On aurait pu s’attendre à ce que les buts nouveaux de ces fondateurs les aient conduit à créer des formes associatives nouvelles – nous allons voir qu’il n’en fut rien. Les compétitions sportives qu’ils organisèrent furent bien de fait, radicalement nouvelles, mais on à l’impression que cette nouveauté les effrayât et qu’ils se sentirent obligés de se réfugier dans des modèles préexistant au premier rang desquels celui des compétitions hippiques.

Il nous faudra aussi essayer d’expliquer ce que Carpentras vint faire – et de façon si précoce – dans ce mouvement novateur et progressiste.
Nous allons commencer par là.
Pour K.Kobayashi 1 le Cercle des Vélocipédistes Carpentrassiens (CVC) fut la 5° société cycliste à voir le jour en France. Or à cette époque Carpentras est une petite ville provinciale sans grande originalité. Son économie est fondée sur l’agriculture et vers 1860 l’agriculture Comtadine 2 se porte mal . Le vignoble est déjà fortement touché par le phylloxéra, la garance traditionnellement utilisée en teinture est mortellement concurrencée par les teintures chimiques Alsaciennes et Allemandes, et la culture de l’olivier est de peu de rapport. Il y aurait eut là de quoi être pessimiste, et on ne voit pas bien comment dans ce climat de marasme économique, les Carpentrassiens enthousiastes sont pu se lancer dans l’aventure cycliste. C’est que dans le même temps réapparaissaient des raisons d’espérer dans l’agriculture. Deux nouveautés vont révolutionner les anciennes façons culturales. En 1863 le chemin de fer arrive à Carpentras et surtout, depuis le début des années 1860 le canal de Carpentras amène en abondance l’eau de la Durance sur les terres arides du Comtat Venaissin. Ces deux innovations, associées à un ensoleillement très favorable, vont permettre des cultures maraichères « primeurs » qui seront expédiées très tôt dans la saison – donc à bon prix – vers Paris et les villes du nord de la France. Ces nouvelles cultures (tomates, aubergines, melons etc.) seront aussi transformées sur place dans de petites structures industrielles de confiserie et de conserverie grandes utilisatrices de main-d’oeuvre. L’agriculture locale jusqu’alors très traditionnelle pour ne pas dire conservatrice se retrouve soudain projetée en pleine modernité.

Ce regain de l’économie locale suffit-il à expliquer cet enthousiasme pour les courses de Vélocipèdes? Certainement pas et il faut aussi s’intéresser à quelques traits ethniques qui caractérisent la culture provençale. Depuis longtemps les provençaux sont des joueurs. C.Bromberger 3 a bien montré « l’engouement des Provençaux pour le jeu » qui se traduit par une «pratique ludique exceptionnellement dense à l’échelle du quotidien».  Les provençaux aiment les défis et les paris de toutes sortes. À Carpentras par exemple, dès l’apparition des premiers vélocipèdes, le riche propriétaire d’un bon trotteur engage un pari avec le meilleur des vélocipédistes locaux pour savoir qui des deux arrivera le premier à boucler un parcours d’une bonne vingtaine de kilomètres. 4

Ce goût ludique pour les affrontements sportifs semble caractériser aussi bien tous les pionniers français de la vélocipédie. Dans tous les statuts de ces premières associations il est mentionné l’organisation de courses comme moyen de développement et de propagande; dans aucun il n’est fait mention d’un quelconque caractère utilitaire ou hygiénique du vélocipède. C’est assez montrer que les fondateurs de ces premiers Véloce-clubs entendaient surtout s’amuser et ce malgré ce que pourrait laisser croire le côté quelque peu caporaliste de certains de leurs règlements.
Il ne faudrait cependant pas faire des fondateurs du CVC des révolutionnaires modernistes décidés à rénover profondément la société française. Nous allons voir en effet qu’à plusieurs titres ils firent preuve d’une très grande timidité et d’abord dans le choix de leur organisation interne.
Le Cercle des vélocipédistes Carpentrassiens fait sa demande d’autorisation le 28 Octobre 1868 et l’obtient le 27 Novembre 1868. Le choix de ce nom ancien de «Cercle» pour cette association dont l’objet est nouveau n’est pas anodin.
Qu’est ce qu’un Cercle?
Présents dans toute la France mais surtout en Provence et dans le midi, les cercles constituent une forme déjà ancienne d’organisation sociale 5. Il y a des cercles dans toutes les villes et dans tous les bourgs provençaux de quelque importance. Ce sont des associations uniquement masculines dont les membres se groupent par affinité idéologique ou professionnelle et quelquefois même ethnique. L’administration impériale leur donne l’appellation commune de « sociétés d’amis » ce qui en est finalement une assez bonne définition. Or, nous allons le voir en détail, la structure et les règlements des cercles ne paraissent pas très bien adaptés aux buts que se fixent les nouvelles associations de vélocipédistes.

Le CVC installe son siège au premier étage d’un des grands cafés de la ville en lieu et place du « cercle des employés » 6. Nous connaissons la liste de ses membres fondateurs et grâce à un rapprochement avec les listes électorales de Carpentras nous avons pu retrouver l’âge et la profession de la plupart d’entre eux.

On peut constater qu’il s’agit de jeunes gens (moyenne 26,2 ans avec des extrêmes à 21 et 33 ans). Leurs professions sont plutôt modestes: il y a treize artisans et commerçants sur les vingt et un membres dont le métier est connu. Ce qui corrobore ce qu’Alex Poyer 7 a observé pour l’ensemble des premiers Véloce-clubs.  Parmi les fondateurs on ne trouve aucun membre de la noblesse carpentrassienne pourtant très présente dans nombre d’autres activités locales.

Nous avons une preuve supplémentaire de ce que les membres fondateurs du CVC n’étaient vraisemblablement pas très riches et n’avaient peut-être pas tous les moyens d’acheter un vélocipède: les statuts du cercle prévoit que l’association pourra en acheter pour les louer à l’un ou l’autre de ses membres.
Nous avons la chance d’avoir un excellent point de comparaison avec la création quasi contemporaine (Mai 1869) et la proximité géographique du Véloce Club d’Avignon (VCA). Là encore nous disposons de la liste des membres fondateurs.

La proportion des commerçants et des artisans y est encore plus forte qu’au CVC (14 sur 20 soit 70%). Les buts de ces deux sociétés sont très semblables. A Carpentras: développer l’art et l’usage du vélocipède, créer des relations amicales entre les membres du cercle et créer des courses annuelles de vélocipèdes. A Avignon on se propose: la réunion des «velocemen», la propagation du vélocipède et l’organisation de courses et de promenades.
Les deux associations dont les buts apparaissent clairement comme sportifs et ludiques vont cependant s’inspirer pour leur règles de fonctionnement des structures archaïques et fermées des cercles.
Ni l’une ni l’autre ne montre d’empressement à accueillir de nouveaux membres. Pour être admis dans ces sociétés il faudra d’abord être parrainé par deux membres fondateurs et ensuite franchir l’obstacle d’un scrutin positif (3/4 des membres du VCA alors qu’une majorité simple suffit à Carpentras). Le statut des «étrangers» (c’est à dire des Avignonnais ou des Carpentrassiens non-membres titulaires) est également fixé par le règlement. Le bureau du CVC pourra leur accorder une carte provisoire tandis qu’à Avignon on leur permettra de venir «à de rares intervalles». On le voit on n’est pas très accueillants malgré l’intention manifestée dans les statuts d’assurer la propagation de la vélocipédie.
Nous connaissons l’adresse des membres fondateurs du VCA. Lorsqu’on la reporte sur un plan d’Avignon on a l’impression d’une assez grande proximité géographique.

Selon toute vraisemblance ces jeunes gens se connaissaient et étaient probablement déjà des amis.
On pourrait imaginer que des dispositions légales étaient à l’origine de ce repli sur soi. Il n’en est rien et nous en voulons pour preuve les statuts d’une société avignonnaise qui voit le jour à la même époque. La « Société des francs jouteurs de la porte du Rhône », fondée en Octobre 1869, ne met aucune restriction à l’adhésion de nouveaux membres. Il suffira pour être admis comme membre titulaire d’avoir plus de vingt ans. C’est donc la société la plus traditionnelle qui a le comportement le plus audacieusement moderne et qui pratique, très tôt dans l’histoire des exercices physiques, le prosélytisme que nous connaissons aujourd’hui dans les associations sportives actuelles.

Nous allons voir maintenant que même dans l’organisation d’une activité aussi radicalement nouvelle que les courses de « véloces » les membres du CVC vont se croire obligé de se référer à des modèles préexistants.
Le CVC organise sa première réunion de courses le 29 Mars 1869 . C’est un Lundi de Pâques et cette date n’est pas fortuite. Le Lundi de Pâques est traditionnellement en Provence une journée de fête et de sortie en plein air.

Partout en France, à Carpentras comme ailleurs, les organisateur de ces premières réunions vont se réfugier dans un modèle que nous avons tendance aujourd’hui à trouver ridicule qui devait pourtant leur paraître inévitable 8. R.Hubsher l’avait noté: « le succès d’une rencontre cycliste se mesure à son degré de ressemblance avec une réunion hippique et les jeunes gens poussent le souci de la ressemblance jusqu’à revêtir une tenue de jockey, chausser des bottes et user d’un vocabulaire emprunté aux professionnels du milieu hippique.» 9
La ressemblance ne s’arrête pas au vêtement. Les affiches et les programmes sont directement copiés sur ceux des courses de chevaux.

De nombreuses explications ont été proposées pour expliquer cette attraction pour le modèle turfiste. Il est raisonnable de penser que, au moins pour les réunions parisiennes, la volonté de rester dans un entre-soi mondain fut primordiale. Les Carpentrassiens quand à eux se rendaient bien compte que leur société ne pouvait pas avoir le chic des courses parisiennes, aussi leurs exigences en matière vestimentaires furent-elles plus modestes. En dehors de la Poule des Velocemen où le règlement précise que «la tenue de jockey en soie est strictement de rigueur » on ne demanda aux participants des autres courses qu’une « tenue convenable se rapprochant autant que possible des costumes de jockey »

Un ex-voto naïf 10 qui a le grand avantage de nous apporter des informations rares sur les couleurs utilisées par les coureurs, nous permet de vérifier que ces recommandations furent réellement observées par les concurrents.
Bien sur ces jeunes gens manquèrent-ils un peu d’audace en ce qui concerne les formes qu’ils donnèrent à leurs associations. Ils ne surent pas non plus couper dès l’origine le cordon ombilical qui les liaient au turf et à la haute société parisienne. Il ne faudrait pour autant pas oublier que dans de nombreux autres domaines ils furent des pionniers.

Alex Poyer 11 met bien évidence « cette « sportivisation » quasi immédiate des premières manifestations cyclistes. Il ne s’agissait pas, en effet de transformer un jeu traditionnel en sport, mais d’inventer un nouveau et probablement le premier des sports modernes. D’emblée les organisateurs de courses de vélo instituèrent un calendrier propre et indépendant de circonstances festives traditionnelles ou religieuses locales. D’emblée les parcours étaient mesurés et chronométrés. Les performances pouvait donc être comparées d’un champ de course à un autre et des records établis et mémorisés. D’autre part la valeur des prix distribués (500F. par exemple pour le grand prix du mois d’Aout à Carpentras) en attirant des concurrents de toute la France, faisait exploser le cadre étroit des fêtes votives traditionnelles. Toutes ces « inventions » sont à porter au crédit de ces pionniers.

Avaient-ils la possibilité de concevoir et d’inventer « le sport » à partir de rien?

Probablement pas puisqu’ils se crurent obligés de se référer au modèle turfiste préexistant. Mais après tout les fondateurs parisiens de l’athlétisme ne firent pas non plus preuve de davantage d’audace puisque vingt ans plus tard, lors des premières courses à pied organisée par le très mondain Racing club de France, ils se sont crus encore obligé de s’accoutrer de costumes de jockey avec toques, bottes et cravaches.

 

 

 

 

 


NOTES
1 communication personnelle conservée au CPS. De cet auteur il faut lire: K.Kobayashi; Histoire du vélocipède de Drais à Michaux 1817-1870, un ouvrage de référence malheureusement épuisé. 

2 Le Comtat Venaissin est un ancien état du pape dont le territoire était à peu près superposable à l’actuel département de Vaucluse. Le Comtat s’est volontairement rattaché à la France en 1792 et n’était donc Français que depuis peu, ce qui est déjà un trait original.

2 Bromberger Christian: Provence; R.Bertrand, C.Bromberger, JP.Ferrier; Paris, Christinne Bonneton, 1989 P.244
4 L’indicateur de Carpentras; 22 Novembre 1868
5 C.Bromberger; ibid; P.185
6 il n’y a aucun rapport entre ces deux associations qui n’ont eu aucun membre commun.
7 La bourgeoisie « populaire » des employés et des petits patrons du commerce et de l’artisanat fournit six adhérents sur dix. Alex Poyer: Les premiers temps des véloce-clubs, Paris, L’Harmattan, 2005, P307.
8 Ces courses ont été bien fort décrites par K.Kobayashi dans son Histoire du Vélocipède; op.cit. et nous avons nous-même publié quelques articles sur ce sujet (notamment:JF.Brun, Carpentras: aux origines des courses vélocipédiques?, Science et motricité, n°27, pp 17-22) nous ne nous y étendrons pas davantage ici.

9 R. Hubscher, J. Dury, B. Jeu, l’Histoire en mouvements, Ed. Armand Colin, Paris, 1992
10 conservé par la Bibliothèque Inguimbertine (voir les remerciements en fin d’article)
11 A.Poyer, op cit, P15

JF Brun
Remerciements
Nous remercions tout particulièrement M. Jean-François Delmas directeur de l’Inguimbertine et des musées de Carpentras de nous avoir autorisé à reproduire ces documents à l’occasion de la 26° Conférence internationale d’histoire du cycle d’Entraigues sur la Sorgue.
Article publié initialement dans les actes de la 26° CIHC.





Sur les gradins, on rit…aussi parfois. Un article de C.Bromberger, toujours d’actualité.

Christian Bromberger (article publié dans « le monde alpin et rhodanien » n° thématique « la moquerie » 1988)

Communion totale, pour reprendre un cliché journalistique, ou communion parfois légèrement distanciée par le rire et quelques autres attitudes ?

Faisant du jeu un drame, les spectateurs ne font-ils pas parfois du drame un jeu ?

LA RHÉTORIQUE FACÉTIEUSE DU SUPPORTERISME

La parodie

CE QUE MOQUERIE VEUT DIRE

Allez jouer aux billes ! », « Va faire le tapin ! ». On en vient à applaudir l’équipe adverse pour fustiger les siens et, parodie suprême, à plaquer sur le rythme des slogans d’encouragement des commentaires dérisoires. »Il-a-cen-tré », »Il-a-passé ! » scandera-t-on, par exemple, sur le même air et le même rythme que le « On-a-ga-gné ! » qui symbolise une victoire. Parfois, au comble du dépit, le supporter se prend lui-même pour objet de dérision, tel ce spectateur déçu par une défaite de l’O.M. et lançant à ses comparses :

Christian BROMBERGER

Notes

et A.EHRENBERG, « Des stades sans dieux « , Le Débat, n° 40, mai 1986, pp. 47-61.

(2) Cf LAMOUREUX,  » Le jeu du catch : le sport et son spectacle », Éthnologie Française, XV, 1985, pp, 345-358.

(5) R. DA MATTA, « Notes sur le futebol brésilien », Le Débat, n° 19, février 1982, p. 71

(6) Ibid.

(7) Au sens que M. VOVELLE (Idéologies et mentalités, Paris, Maspero, 1982) donne à cette expression : non pas la façon dont les hommes vivent mais la façon dont ils se plaisent à raconter leur existence.

(8) O.M.: olympique de Marseille.

(9) « ultras » : groupe de jeunes supporters les plus extrémistes et les plus démonstratifs.

(14) P. CLASTRES, op. cit., p. l13.

(17) A. EHRENBERG, « Des stades sans dieux» (op. cit.), p. 58.





Nouvelle exposition pour l’été 2018 – A l’assaut du Ventoux – Compétitions et progrès techniques

Pour les cyclistes, les motards et les pilotes d’automobiles le Ventoux est un défi permanent. Nous avons rassemblé, pour notre exposition de l’été 2018, des photographies, des machines et des documents illustrant l’ingéniosité et le courage de ceux qui, depuis le début du XX° siècle se sont lancé à l’assaut du Ventoux. Nous avons été aidé par le Musée Comtadin du cycle de Pernes les fontaines qui nous a prêté un vélo de courses identique à celui de Louison Bobet lorsque le Tour de France 1955 est passé au sommet. Nous remercions notre ami Guy Claverie directeur du Musée de Pernes. Nous remercions aussi notre ami Raymond Henry, historien du cyclotourisme, grand collectionneur et auteur de nombreux ouvrages savants, qui a bien voulu nous prêter un des premiers vélo à changement de vitesse qui permettait sans descendre de sa machine de passer à un plus petit développement en pédalant en arrière !

L’exposition restera en place jusqu’à fin septembre. Le conservatoire est ouvert le mercredi après-midi et le vendredi matin. 

Conception de l’affiche:  Graphijane





Les terrains de rugby sont faits pour les filles

Ne remontons pas à la préhistoire du Jeu, lorsque le nombre de joueurs n’était pas encore fixé et où l’on jouait quelquefois en contournant des arbres.

Depuis la fin du 19° siècle les dimensions d’un terrain de Rugby sont d’environ 100m de long pour 50m de large. Ces règles sont toujours en vigueur et tous les terrains de Rugby de tous les stades du monde mesurent approximativement 100 X 50 m.

Considérons maintenant les mensurations des pratiquants. Nous connaissons grâce à JP. Bodis et à son Encyclopédie du Rugby, la taille et le poids des 15 joueurs de l’Equipe de France de 1908. Leur poids moyen était de 74,8 Kg (79,1 kg pour les avants et 69,3 pour les demis et les arrières). Leur taille moyenne était de 1,74m ( 1,79 pour les avants et 1,69 pour les arrières). Regardons maintenant l’effectif de l’équipe de France de Rubgy à 15 de 2017 (les titulaires du match du 24 Juin contre l’Afrique du Sud). Je trouve une taille moyenne de 1,87m et un poids moyen de 98,7 kg. Une augmentation considérable : 30% pour le Poids et 7% pour la taille. Les professionnels d’aujourd’hui sont donc plus lourds et plus grand que leurs ancêtres de 1908. Ils tiennent beaucoup plus de place sur un terrain et le champ disponible pour les attaquants en est réduit d’autant. On ne voit plus maintenant de jeu d’esquive ou de contournement et les décalages en bout de ligne sont pratiquement impossible. Seule la percée sur une faute de défense peut permettre de franchir la ligne d’avantage.

Pour retrouver le type de jeu qui se pratiquait à l’origine, il faudrait que les terrains soient « ajustés » aux nouvelles dimensions des pratiquants. Une augmentation de 10% de la longueur et de la largeur des terrains paraît être un minimum.

Pour pouvoir profiter d’espaces équivalents à ceux dont disposaient les inventeurs du jeu il faudrait donc porter les terrains à 110m de long et 55m de large … au moins.

On pourra m’objecter que je devrais aussi prendre en compte les qualités athlétiques de ces joueurs. Hélas ! Nous ne connaissons pas celles des rugbymen de 1908, mais je doute fort qu’elles aient été supérieures à celles des joueurs d’aujourd’hui et il est même tout à fait certain que la force et la vitesse des joueurs de 2017 dépasse celles de ceux de 1908.

Comparons maintenant notre équipe de France de 1908 à l’équipe féminine de Nouvelle-Zélande championne du monde 2017. La taille moyenne des joueuses est de 1,7m pour un poids moyen de 80 kg. Elles sont donc un peu plus lourdes (80 contre 74,8. Soit 7% de différence) et un peu moins grandes (1,7 contre 1,74. Soit là aussi 7%, mais dans l’autre sens bien sur) que nos joueurs de 1908. Mais ces différences s’équilibrent et personnes ne trouveraient anormal que des équipes de même sexe présentant des tailles et des poids semblables puissent s’affronter.

Les spectateurs des matchs de la dernière Coupe du monde semblent, dans une large majorité, avoir apprécié la qualité du jeu des féminines et avoir trouvé ce Rugby plaisant et même spectaculaire.

Ce n’est pas étonnant puisque les terrains sont faits pour elles.




La pétanque et Pagnol

Le pays qui a donné la pétanque et le jeu provençal au monde a droit au respect universel.Il a remis en place l’échelle des valeurs vraies. Il a réussi à démontrer aux riches qu’il est plus facile de faire fortune que de faire jeu égal avec son jardinier.

Yvan Audouard raconte Pagnol.